A Chalon, des experts au chevet des piles du Pont de Bourgogne
![Pont de Bourgogne PHTE1312-JPC1](https://2img.net/h/www.lejsl.com/photos/PHTE1312-JPC1.jpg)
Des experts se sont penchés hier, à Chalon, sur le Pont de Bourgogne, dont les pylônes en béton présentent des fissures. Aucun risque, cependant, pour la sécurité des usagers.
Le Pont de Bourgogne est malade. Mais le mal semble d'évolution lente, et son importance n'est pas encore évaluée avec précision. Des experts, mandatés d'une part par les constructeurs et par le maître d'ouvrage (la Direction Départementale de l'Équipement), d'autre part par le propriétaire (le Conseil général de Saône-et-Loire) se sont penchés hier à son chevet. Ils intervenaient dans le cadre de la procédure d'expertise judiciaire initiée par le Département, à la suite du constat de fissures sur les pylônes supportant l'ouvrage. Des balafres, qui ne remettent pas en cause la sécurité de la circulation.
Le problème a été identifié en 1998, soit six ans après l'achèvement des travaux. Engagée en 2001, la procédure d'expertise a déjà conduit sur les lieux, à de multiples reprises, les représentants des différentes parties prenantes. Ils sont revenus hier, pour tenter une nouvelle fois de se mettre d'accord sur l'importance et l'origine des dégâts. « Cette nouvelle réunion d'expertise s'est déroulée dans le cadre du contentieux en cours entre le Département, propriétaire du Pont de Bourgogne, les constructeurs, le maître d'œuvre et les assurances, avec pour objet de déterminer quelles sont les malfaçons, et de voir qui peut en être responsable », explique Jérôme Wabinski, directeur général adjoint chargé de l'Aménagement du territoire et du Développement durable au Conseil général. La procédure suivra ensuite son cours -d'autres inspections ne sont pas exclues- et le tribunal administratif de Dijon statuera in fine sur la répartition des responsabilités, et la prise en charge des réparations.
A ce stade de la procédure, il semblerait qu'un dépassement de la température maximale acceptable lors de la coulée du béton soit à l'origine de la fissuration des piles. Les pylônes ont en effet été coulés durant l'été 1991, par un temps très chaud. Le nouveau ciment à prise rapide utilisé par les entreprises de BTP n'a-t-il pas supporté les températures élevées ? Il se serait alors produit un phénomène de gonflement -nourri par l'eau- qui expliquerait la présence de lézardes. Selon des experts présents sur place, ce type de problème -en termes techniques, une « réaction sulfitique interne »- toucherait de nombreux ouvrages d'art partout en France. La « chance » de la Saône-et-Loire est de l'avoir détecté six ans après la fin des travaux, c'est-à-dire durant la période d'application de la garantie décennale. Les réparations ne se feront donc pas aux frais du contribuable, ce qui n'est, à l'évidence, pas le cas partout.
Des infiltrations d'eau dans le boîtier permettant l'ancrage des haubans sur le tablier du pont auraient aussi été constatées, et feraient l'objet de l'attention des experts. Ces nouveaux travaux d'inspection ont été réalisés au moyen d'une nacelle et d'une barge, et n'ont pas nécessité l'interruption de la circulation.
Dans la meilleure des hypothèses, le Tribunal Administratif ne rendra son jugement que dans plusieurs mois, et les travaux de réparation ne seront pas engagés avant plusieurs années.
La construction du Pont de Bourgogne (situé en amont de Chalon), entre 1990 et 1992, a coûté environ 100 millions de francs, soit plus de 15 millions d'euros.
Sources:
http://www.lejsl.com/actu/setl/20061214.JSA0263.html